Le journal "La Meuse" du vendredi 21 octobre 1994 titrait « Trafic de chiens polonais à Liège». Il était relaté qu'on avait surpris les conducteurs de deux voitures venant de Pologne et bourrées de chiots en piteux état.

Les trafiquants interceptés par la police de Liège étaient immédiatement remis en liberté, leurs papiers étant malheureusement en règle et ceux des chiens aussi. Cela faisait déjà plusieurs mois que la section Anti-trafic et pollution de "Love Animals" ouvrait l'œil et enquêtait sur ce sinistre trafic.

Les inspecteurs de « Love Animals» avaient appris qu'au moins 2 marchands liégeois, un Anversois, ainsi qu'un groupement de marchands étaient en rapport avec la firme :

CHOVA-NEZABUDKOVA

29-94905 NITRA-5

SLOVENSKO

Cette firme élève et produit des chiens qui sont vendus dans toute la Slovaquie, aussi bien aux particuliers qu'aux laboratoires de vivisection.

Dans le courant du mois de juin 1994, la firme précitée a contacté de nombreux marchands belges, leur proposant des chiens de toutes races, âgés de 6 semaines à 3 ans à des prix défiant toute concurrence.

Se faisant passer pour un client potentiel, L. Liégeois les a contactés, a rencontré les trafiquants. persuadés de parler à un futur gros acquéreur, ils lui ont racontés comment ils passaient les frontières avec leur cargaison de chiots entassés dans des caisses. Ils lui ont aussi expliqué qu'ils fournissaient des chiens en Suisse, en Allemagne en France en Hollande mais aussi en Belgique.

D'après les trafiquants, plusieurs marchands belges ont répondu favorablement à l'offre de CHOVA:

± 150chiots de toutes races auraient déjà été livrés. Ils pensent que la demande va aller en augmentant. Si les demandes sont importantes, ils utiliseront un camion; de cette manière, les frais de voyage seront moins importants.

Pour les frontières, il n'y a pas à s'en faire, expliquent-ils, 25% des chiens sont en ordre de vaccination et légalement enregistrés. Les 75% restants sont passés en fraude. Les douaniers ont bien trop à faire, ils visent les documents sans compter la marchandise.

Pour les frontières, il n'y a pas à s'en faire, expliquent-ils, 25% des chiens sont en ordre de vaccination et légalement enregistrés. Les 75% restants sont passés en fraude. Les douaniers ont bien trop à faire, ils visent les documents sans compter la marchandise.

Conditions de livraison : il faut payer les chiens cash. Les 25% vaccinés et enregistrés en douane seront vendus 2.000 à 2.500FB, les autres importés en fraude seront vendus de 500 à 1 .500FB. Ce n'est pas cher, ajoutent les trafiquants. Les mêmes chiots seront revendus sur le marché de 12 à 15.000FB.

Impossible de faire de meilleurs prix, car il faut couvrir les frais de voyage et de douane. pour les 25% de chiens déclarés. De plus, les risques sont grands et en cas de prise les amendes sont sévères et la marchandise ainsi que les véhicules sont saisis.

A la question: est ce que 100%de chiens n'aboient pas plus que 25%? Les maffieux sourient et expliquent que les chiens sont nourris copieusement 2 heures avant le passage à la douane. Un sédatif est additionné à leur nourriture. Quand un chien a bien mangé et qu'il est tranquillisé, il dort.

Et, comme pour s'excuser, ils ajoutent qu'ils ne font rien d'illégal, seulement du commerce pour gagner leur vie. Quant à la petite fraude les belges savent la faire aussi et puis il le faut bien pour avoir des prix compétitifs.

En ce qui concerne le nom des acheteurs, la réponse est rapide: "On ne vous donnera pas les noms, tout ce que l'on peut vous dire c'est que nous avons deux gros clients à Liège et j'espère que vous serez le troisième.»

L. Liégeois promet de reprendre contact et de passer une très importante commande. L'offre de prix et la liste des races disponibles ont été communiquées au Procureur du Roi de Liège ainsi qu'à Monsieur Wathelet, ministre de la Justice.

Christiane ROUFOSSE